Ces dernières semaines, certains départements méditerranéens ont connu des épisodes pluvio-orageux qui ont par endroits entrainé des inondations importantes, notamment dans le sud du Gard mi-septembre. Or, depuis plusieurs années, ce phénomène fait régulièrement la une des journaux télévisés. Chaque automne, la même chose semble se répéter et certaines régions subissent des évènements parfois catastrophiques comme ce fut par exemple le cas du côté de Valleraugue l’année dernière, en 2020 ou encore dans Alpes-Maritimes et plus particulièrement dans les vallées de la Roya et de la Vésubie.
Alors que notre climat est actuellement en pleine mutation, est-il opportun de se demander s’il existe un lien entre les épisodes méditerranéens et le réchauffement climatique ? Ces épisodes, sont-ils ou vont-ils devenir plus violents, plus nombreux ? La question est posée et nous allons tenter de répondre à vos interrogations.
Quand peut-on parler d’épisode méditerranéen ?
Un épisode méditerranéen, aussi connu sous le nom d’épisode cévenol lorsque ce dernier ne concerne que les Cévennes, est un phénomène orageux aux conséquences parfois dramatiques. Nous avons tous déjà entendu parler de la catastrophe de Nîmes en octobre 1988 et celle de septembre 2002, avec chaque fois un bilan humain malheureusement terrible. Il s’agit d’évènements qui se produisent essentiellement à la fin de l’été, en automne, lorsque la mer Méditerranée est encore chaude et que les masses d’air douces qui la surplombent rencontrent une anomalie froide d’altitude, dont le centre dépressionnaire est situé sur la péninsule ibérique.
Lorsque toutes ces conditions sont réunies, les vents s’orientent alors au secteur sud-sud-est, entrainant avec eux un chargé en humidité à son passage au-dessus de la mer. Le conflit thermique, associé à une advection d’air humide, entraine la formation d’orages violents qui peuvent provoquer des pluies intenses sur des laps de temps relativement courts. Ces précipitations peuvent donc entrainer des crues éclaires dévastatrices dont la prévision est très limitée en raison du caractère très localisé des orages et de la rapidité de la montée des eaux. De plus, dans le cas des épisodes cévenols, la configuration montagneuse de la zone entraine un forçage atmosphérique supplémentaire qui aggrave les précipitations et qui crée donc un contexte géologique favorable à la formation de torrents.
Quel lien avec le changement climatique ?
Le lien entre changement climatique et épisode méditerranéen est une interrogation qui est restée longtemps en suspens car, bien qu’il soit aisé de croire que le réchauffement climatique et donc le réchauffement de la mer Méditerranée peut à lui seul entrainer une augmentation de la fréquence des pluies extrêmes, la situation est plus complexe. En effet, même si la température de l’eau est une condition nécessaire à la formation d’orages violents, la configuration atmosphérique (la position des systèmes dépressionnaires et anticycloniques) joue un rôle d’autant plus important. Nous pouvons comparer cela au fonctionnement d’une voiture : sans essence la voiture n’avance pas, mais avec de l’essence sans moteur c’est la même chose. Donc, même dans le cas où l’eau de la mer est très chaude, si la configuration atmosphérique n’est pas adéquate aucun épisode méditerranéen ne pourra se produire.
Une variabilité interannuelle importante dans le Gard
La question du lien avec le changement climatique est donc complexe. Cependant, une étude menée par Météo-France en 2018 démontre que depuis les années 1960 le nombre d’épisodes pluvieux a augmenté de manière significative sur le pourtour de la mer Méditerranée puisqu’entre 1961 et 2015 le nombre d’événement très pluvieux (>200mm/24h) a été multipliée par 2 ! Cependant, cette augmentation est disparate et est différente selon les départements pris en compte. Dans le Gard, on observe une variabilité interannuelle importante sur laquelle aucune tendance claire ne se dégage, sauf pour les phénomènes violents ou l’on note une légère augmentation de leur fréquence depuis les années 1990. Cette intensification est même voisine de 22% plus globalement sur l’ensemble de la zone méditerranéenne d’après l’étude citée précédemment !